Over sixty years after the introduction of women’s suffrage and nearly forty years after the uneven institutionalization of representative democracy, the majority of Haitian women face mounting challenges to maintaining their livelihoods and playing more prominent roles in politics. This dissertation advances an understanding of poor urban women’s collective potential and the challenges to their self-making as agents of change. Drawing from ethnographic research conducted from 2008 to 2010 in the popular neighborhood of Matisan, Port-au-Prince, I argue how middle-aged and elder women activists are a crucial and overlooked source of hope for Haiti: they have insights, skills, and experience acquired through the political upheavals, environmental crises, and macro-economic developments of the last decades that could inform strategies for social and structural change. After providing a popular history of a prominent women's organization, I use the lives of three individual community organizers as case studies to explore the hierarchies that shape their community and activist roles and detail how their positioning within a micro-social layer also entails negotiations within networks of support and influence. Tumultuous events during my research brought to light the constraints women experience in how social responses and movements develop in spite of their significant involvement and sacrifices. Confounded by class and gender hierarchies and the stigma of residency in a popular neighborhood, these women’s political utterances are selected and filtered by middle-class women advocates and male peers. Finally, I examine how neoliberal policies and foreign intervention in Haiti have privatized the public interest and the postcolonial State and promoted the role of intermediaries in development and politics for women and the poor majority. I describe how interventions carried out in Matisan—ranging from small food donations from wealthier residents to internationally-funded disaster relief—rely on women's passive rather than active participation, exacerbate competition among them as prospective beneficiaries, and provide temporary help at best. Through my research, I aim to make legible the everyday forms of communitarianism and sociality among these women that foster community and animate grassroots politics, and further propose that these practices could be constitutive of a political platform in and of itself.
Plus de soixante ans après l'introduction du suffrage féminin et près de quarante ans après l'institutionnalisation inégale de la démocratie représentative, la majorité des femmes haïtiennes sont confrontées à des défis croissants pour maintenir leurs moyens de subsistance et jouer des rôles plus importants en politique. Cette thèse fait progresser la compréhension du potentiel collectif des femmes urbaines pauvres et des défis qu'elles doivent relever pour faire d’elles-mêmes des agents du changement. En m'appuyant sur des recherches ethnographiques menées de 2008 à 2010 dans le quartier populaire de Matisan, à Port-au-Prince, je soutiens que les militantes d'âge moyen et plus âgées sont une source d'espoir cruciale et négligée pour Haïti : elles ont des connaissances, des compétences et de l’expérience, acquises à travers les bouleversements politiques, les crises environnementales et les développements macroéconomiques des dernières décennies qui pourraient éclairer les stratégies de changement social et structurel. Après avoir présenté l'histoire populaire d'une importante organisation de femmes, j'utilise les vies de trois organisatrices communautaires individuelles comme études de cas pour explorer les hiérarchies qui façonnent leur communauté et leurs rôles militants et je détaille comment leur positionnement au sein d'une couche micro-sociale implique également des négociations au sein de réseaux de soutien et d'influence. Des événements tumultueux survenus au cours de mes recherches ont mis en lumière les contraintes que subissent les femmes dans la manière dont les réponses et les mouvements sociaux se développent malgré leur implication et leurs sacrifices importants. Invalidés par les hiérarchies de classe et de genre et par la stigmatisation de la résidence dans un quartier populaire, les propos politiques de ces femmes sont sélectionnés et filtrés par les militantes de la classe moyenne et leurs pairs masculins. Enfin, j'examine comment les politiques néolibérales et l'intervention étrangère en Haïti ont privatisé l'intérêt public et l'État postcolonial et favorisé le rôle des intermédiaires dans le développement et la politique pour les femmes et la majorité pauvre. Je décris comment les interventions menées à Matisan - allant de petits dons de nourriture de la part des résidents les plus riches aux secours en cas de catastrophe financés par la communauté internationale - reposent sur la participation passive plutôt qu'active des femmes, exacerbent la concurrence entre elles en tant que bénéficiaires potentielles et fournissent au mieux une aide temporaire. À travers mes recherches, je vise à rendre lisibles les formes quotidiennes de communautarisme et de socialité parmi ces femmes qui favorisent la communauté et animent la politique de la base, et je propose en outre que ces pratiques puissent être constitutives d'une plate-forme politique en soi. (Traduit par Mouka)
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