L’exploitation sexuelle est un phénomène mondial (Fondation Scelles, 2019 ; Association Y des femmes de Montréal [YWCA], 2012) qui prend de l’ampleur en Haïti, société caractérisée par la domination masculine et les rapports inégalitaires entre les femmes et les hommes, par la dégradation de la situation politique qui influence les conditions socio-économiques des familles précaires, et un faible niveau d’éducation (Organisation Internationale du Travail, 2003).

Plusieurs facteurs sont à la base de l’exploitation sexuelle, comme la précarité économique de la plupart des familles, les inégalités systémiques comme le manque d’accès aux services de base, la perception sociale du genre et du corps féminin dans la société, l’impunité des agresseurs, le manque d’éducation sexuelle surtout sur le consentement et le besoin de se protéger sexuellement, et la planification des naissances.

La présente étude est axée sur la situation des jeunes filles mineures victimes et survivantes d’exploitation sexuelle en Haïti puisqu’elles sont les proies principales, contrairement aux garçons (Médecins Sans Frontière, 2017 ; Stoltenborgh et coll, 2011). D’où la question suivante : Comment peut-on expliquer que l’ampleur du problème de l’exploitation sexuelle des mineures, vivant en situation de précarité, demeure un fléau social en Haïti ?

Cette étude qualitative et théorique est un bilan de connaissances qui s’intéresse à comprendre, prévenir et agir sur le problème de l’exploitation sexuelle des mineures en situation de précarité en Haïti. De cet objectif découlent les sous-objectifs suivants :
Produire des connaissances accessibles sur ce problème en Haïti et des pistes d’actions à mobiliser pour le contrecarrer.
Établir le lien entre l’exploitation sexuelle et la précarité des familles des jeunes filles victimes.
Analyser les politiques sociales mises en œuvre face à ce problème.
Proposer des recommandations en vue de lutter contre l’exploitation sexuelle et renforcer la capacité des personnes affectées.

Il s’agit d’un mémoire théorique, réunissant des articles, des thèses et mémoires, des documents de politiques sociales des 20 dernières années, dans lequel une analyse thématique guidée par les théories féministes intersectionnelles et les théories structurelles est privilégiée. Il est subdivisé en cinq chapitres. Le premier présente le cadre théorique, constitué des théories féministes intersectionnelles qui permettent de démontrer l’intersectionnalité au carrefour des oppressions des jeunes filles mineures en Haïti et des théories structurelles qui permettent d’analyser les structures politiques et sociales en la matière, et la méthodologie. Le deuxième chapitre fait le lien entre le concept de précarité et les caractéristiques des familles en situation précaire en Haïti, en lien avec l’accès aux services de base et la vulnérabilité des jeunes filles à l’exploitation sexuelle. Le troisième chapitre brosse le contexte sociohistorique de l’exploitation sexuelle en Haïti et une description des différentes formes d’exploitation des enfants jusqu’à celle visée par cette étude. Le quatrième chapitre du mémoire présente l’analyse sociolégislative et l’application des lois et politiques sociales en la matière. Ce chapitre est complété avec l’analyse des initiatives des organismes étatiques et non étatiques visant à lutter contre ce fléau. Puis, le cinquième chapitre termine cette étude avec les recommandations des scientifiques, des organismes/centres de prise en charge et d’hébergement, ainsi que de la chercheuse de cette étude elle-même.

Ce travail, non exhaustif, sur l’exploitation sexuelle des mineures vivant en situation de précarité en Haïti, présente aux lectrices et lecteurs des pistes pour une analyse approfondie sur la question qui sera favorable tant aux personnes étudiantes, qu’aux scientifiques intéressées par cette problématique et mettra en lumière les enjeux d’exploitation que des milliers de jeunes filles mineures, haïtiennes, continuent de vivre au quotidien. De plus, les recommandations donneront des pistes pour l’intervention et les potentiels programmes et projets visant à agir sur ce fléau.

Tous droits réservés. Republié avec l'autorisation du·de la détenteur·rice du droit d'auteur, Rose Catherine Edouarzin.