The military regime that ousted democratically elected president Jean Bertrand Aristide from power in a September 1991 coup d'etat remained in control of Haiti under the leadership of General Raoul Cedras until September 1994, when a U.S.-UN military intervention paved the way for Aristide's return one month later. Over the course of these three years, the junta's efforts to si lence dissent and crush resistance intensified as it subjected the popular sector of Haitian civil society, decidedly pro-Aristide and anti-junta, to an increasingly brutal campaign of organized violence and human rights abuses.' Although its forms of abuse and intimidation were, in general, patterned after those mas tered by the Duvalier regimes, the Cedras junta distinguished itself from the dictatorships of Papa Doc and Baby Doc by orchestrating an intensive and sys tematic campaign of mass sexual abuse against females in the popular opposition. A July 1994 report by Human Rights Watch (HRW) and the National Coalition for Haitian Refugees (NCHR) on politically motivated rape noted a disturbing pattern of rape by police and attaches [paramilitary agents] acting with impunity. HRW and NCHR found that military forces and attaches use rape and sexual assault to punish and intimidate women for their actual and imputed political beliefs, or to terrorize them during violent sweeps of pro-Aristide neighborhoods. Rape also functions as punishment for the political beliefs and activities of the victims' male relatives.
As a result, to the regime's long list of victims, which includes 5,000 murdered citizens, 250,000 internally displaced refugees, and tens of thousands of seafaring asylum seekers, we should add the hundreds, if not thousands, of women (and girls) who were raped or otherwise sexually abused by members of the Haitian Armed Forces (Forces armies d'Haiti [FAdH]) and/or their civilian or police conspirators. By the time the junta was dismantled in late 1994 and human rights organizations and the National Truth and Justice Commission (Commission nationale de verite et justice [CNVJ]) were finally able to freely assess the magnitude of the terror, it had become evident that the Cedras regime had committed arguably the greatest crime against womankind in the Caribbean since slavery.
After explaining in this essay the development and nature of the junta's rape campaign and discussing sexual violence against women in Haitian history and society generally, I both explore the function of religion in the construction of meaning for Haitian survivors of politically motivated rape and suggest ways in which religion can and should be incorporated into survivors' rehabilitation. Data generated by interviews with dozens of victims from July 1994 to December 1995, including twenty-four women with whom I have maintained contact for five years, are analyzed to illustrate how religion contributes to the cognitive framing of the abuses suffered and how it either facilitates or impedes the rehabilitative process. I also comment on the complicity of religion in the construc tion of a ""rape culture"" in Haiti.
Le régime militaire qui a chassé du pouvoir le président démocratiquement élu Jean Bertrand Aristide lors d'un coup d'État en septembre 1991 a gardé le contrôle d'Haïti sous la direction du général Raoul Cedras jusqu'en septembre 1994, lorsqu'une intervention militaire des États-Unis et de l'ONU a ouvert la voie au retour d'Aristide un mois plus tard. Au cours de ces trois années, les efforts de la junte pour faire taire la dissidence et écraser la résistance se sont intensifiés alors qu'elle soumettait le secteur populaire de la société civile haïtienne, résolument pro-Aristide et anti-junte, à une campagne de plus en plus brutale de violence organisée et de violations des droits de l'homme. Bien que ses formes d'abus et d'intimidation aient été, en général, calquées sur celles utilisées par les régimes Duvalier, la junte Cedras s'est distinguée des dictatures de Papa Doc et Baby Doc en orchestrant une campagne intensive et systématique d'abus sexuels de masse contre les femmes de l'opposition populaire. Un rapport de juillet 1994 de Human Rights Watch (HRW) et de la Coalition nationale pour les réfugiés haïtiens (NCHR) sur les viols à motivation politique a noté un schéma inquiétant de viols par la police et les attachés [agents paramilitaires] agissant en toute impunité. HRW et la NCHR ont constaté que les forces militaires et les attachés utilisent le viol et les agressions sexuelles pour punir et intimider les femmes en raison de leurs convictions politiques réelles et présumées, ou pour les terroriser lors de violentes opérations de ratissage dans les quartiers pro-Aristide. Le viol sert également à punir les convictions et les activités politiques des hommes de la famille des victimes.
Par conséquent, à la longue liste des victimes du régime, qui comprend 5 000 citoyens assassinés, 250 000 réfugiés déplacés à l'intérieur du pays et des dizaines de milliers de demandeurs d'asile en mer, il convient d'ajouter les centaines, voire les milliers de femmes (et de filles) qui ont été violées ou autrement abusées sexuellement par des membres des Forces armées d'Haïti (FAdH) et/ou leurs conspirateurs civils ou policiers. Lorsque la junte a été démantelée à la fin de 1994 et que les organisations de défense des droits de l'homme et la Commission nationale de vérité et justice (CNVJ) ont enfin pu évaluer librement l'ampleur de la terreur, il est devenu évident que le régime de Cedras avait sans doute commis le plus grand crime contre les femmes dans les Caraïbes depuis l'esclavage.
Après avoir expliqué dans cet essai le développement et la nature de la campagne de viols de la junte et discuté de la violence sexuelle contre les femmes dans l'histoire et la société haïtienne en général, j'explore à la fois la fonction de la religion dans la construction de sens pour les survivantes haïtiennes de viols à motivation politique et suggère des façons dont la religion peut et devrait être incorporée à la réadaptation des survivantes. Les données générées par des entretiens avec des dizaines de victimes entre juillet 1994 et décembre 1995, dont vingt-quatre femmes avec lesquelles j'ai gardé le contact pendant cinq ans, sont analysées pour illustrer comment la religion contribue au cadrage cognitif des abus subis et comment elle facilite ou entrave le processus de réadaptation. Je commente également la complicité de la religion dans la construction d'une « culture du viol » en Haïti.
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