L’objectif de cette recherche est d’analyser la relation entre pauvreté et mortalité infanto-juvénile en Haïti à partir de l’EDS de 2000. Fondée sur une estimation économétrique basée sur le maximum de vraisemblance, elle appelle plusieurs observations. Premièrement, l’éducation des femmes et celle de leurs conjoints/maris ont un impact positif et significatif sur le niveau de la mortalité infanto-juvénile. Deuxièmement, l’âge des mères, à partir de 35 ans, induit une augmentation de la mortalité infanto-juvénile en laissant apparaître un effet de seuil. Troisièmement, la pauvreté des conditions de vie est un facteur de hausse de la mortalité infanto-juvénile. Quatrièmement, les pauvres sont ceux qui ont la plus faible capacité à payer pour avoir accès à des inputs de santé quelle que soit la zone de résidence. Ainsi, dans la mesure où l’État investit très peu dans le secteur de la santé, les ménages les plus pauvres se voient, en moyenne, obligés de consacrer plus de ressources à soigner leurs enfants. Or, à court terme, dans les zones où la pauvreté est endémique, les possibilités de paiement direct ou de couverture assurancielle sont faibles. À partir de là, il importe d’intégrer le financement de la santé dans la lutte contre la pauvreté par une meilleure orientation des politiques publiques. De ce fait, il convient de privilégier la gratuité des soins à court terme et leur financement à long terme par la génération de revenus. Dans cette perspective, il est souhaitable que cette orientation s’inscrive dans une logique d’efficacité et de justice sociale, c’est-à-dire en améliorant l’efficience du système de santé haïtien tout en satisfaisant aux impératifs d’équité.
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