In rural Haiti, community development programs are delivered predominantly by non-governmental organizations (NGOs), and commonly have goals related to empowerment, participation, and local capacity development. Yet attainment of these goals is often difficult, and analysis of these programs neglects the complex micropolitics of development interventions. This thesis investigates the local-level encounter and contestation of NGO and local discourses of development in a community in rural Haiti.
My theoretical framework is taken from a post-developmentalist perspective, which sees discourses of development as pervasive forces which shape identities, knowledges and relations of power in much of the southern world (Escobar, l992a; 1992b; 1995; Ferguson, 1990; Crush, 1995; Peet and Watts, 1996). Yet, following Foucault (1980; 1982), these discourses of development are not monolithic or fixed, but rather remain critical sites of encounter where various social actors struggle and manoeuvre for political, social and economic advantage. The impact of community development programs can only be understood in terms of complex local-level processes in which different social actors interpret, negotiate and contest knowledge and power 'interfaces' (Long, 1989; 1992) created at these sites of encounter. I analyze four specific sites of encounter: NGO-supported community
development associations; improved home-yard kitchen gardens; NGO activities in support of a politically active peasants' movement; and the process of field research itself. I demonstrate that while the dominant position of NGO development discourse has led local people to adopt 'identities of underdevelopment' and embrace the promise of development, they also manoeuvre to interpret these interventions in largely ill pragmatic ways. Even in a self-described 'peasants' movement', rural grassroots contestation of development discourses are struggles for access to and participation in the perceived benefits of development. Contrary to post-developmentalist claims that such grassroots organizations represent 'new social movements' that reject 'development' and articulate local identities and knowledges concerning 'alternatives to development' (Escobar, 1 992b: Esteva, 1992), I argue that rural Haitian identities and knowledges remain firmly embedded within overall dominant discourses of development. Understanding NGO interventions in terms of discursive struggles leads to more insightful and appropriate understandings of the dynamics of local community
development interventions. My research also suggests that, in rural Haiti, the renegotiation of development according to pragmatic 'local development knowledges' frustrates the intentions of outside NGOs, resulting in a none-the-less predictable stalemate of partially successful but dependent local development activities.
Dans l'Haïti rurale, les programmes de développement communautaire sont principalement mis en œuvre par des organisations non gouvernementales (ONG) et ont généralement des objectifs liés à l'autonomisation, à la participation et au développement des capacités locales. Pourtant, la réalisation de ces objectifs est souvent difficile, et l'analyse de ces programmes néglige la micropolitique complexe des interventions de développement. Cette thèse enquête sur la rencontre et la contestation au niveau local des discours des ONG et des discours locaux sur le développement dans une communauté rurale d'Haïti.
Mon cadre théorique est issu d'une perspective post-développementaliste, qui considère les discours sur le développement comme des forces omniprésentes qui façonnent les identités, les connaissances et les relations de pouvoir dans une grande partie du Sud global (Escobar, 1992a ; 1992b ; 1995 ; Ferguson, 1990 ; Crush, 1995 ; Peet et Watts, 1996). Pourtant, à l'instar de Foucault (1980 ; 1982), ces discours sur le développement ne sont pas monolithiques ou figés, mais demeurent plutôt des sites de rencontre critiques où divers acteurs sociaux luttent et manœuvrent pour obtenir des avantages politiques, sociaux et économiques. L'impact des programmes de développement communautaire ne peut être compris qu'en termes de processus complexes au niveau local dans lesquels différents acteurs sociaux interprètent, négocient et contestent les « interfaces » de savoir et de pouvoir (Long, 1989 ; 1992) créées sur ces sites de rencontre. J'analyse quatre sites de rencontre spécifiques : les associations de développement communautaire soutenues par des ONG, les jardins potagers améliorés, les activités des ONG en soutien à un mouvement paysan politiquement actif, et le processus de recherche sur le terrain lui-même. Je démontre que, si la position dominante du discours des ONG sur le développement a mené les populations locales à adopter des « identités de sous-développement » et à embrasser la promesse du développement, elles manœuvrent également pour interpréter ces interventions de manière très peu pragmatique. Même dans un mouvement qui se décrit lui-même comme un « mouvement de paysans », la contestation des discours sur le développement par la base rurale est une lutte pour l'accès et la participation aux avantages perçus du développement. Contrairement aux affirmations post-développementalistes selon lesquelles ces organisations de base représentent de « nouveaux mouvements sociaux » qui rejettent le « développement » et articulent les identités et les connaissances locales concernant des « alternatives au développement » (Escobar, 1992b : Esteva, 1992), je soutiens que les identités et les connaissances rurales haïtiennes restent fermement ancrées dans les discours dominants du développement.
Comprendre les interventions des ONG en termes de luttes discursives mène à des compréhensions plus perspicaces et plus appropriées des dynamiques des interventions de développement communautaire local. Mes recherches suggèrent également que, dans l'Haïti rurale, la renégociation du développement en fonction de « savoirs de développement local » pragmatiques contrarie les intentions des ONG extérieures, ce qui aboutit à une impasse néanmoins prévisible d'activités de développement local partiellement réussies mais dépendantes. (Traduit par Mouka)
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