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En dépit d’une féminisation de la population étudiante, notamment dans les universités privées haïtiennes au cours des 20 dernières années, le corps académique et administratif reste profondément marqué par une ségrégation sexiste. En se basant sur les modèles développés par Marry et Le Feuvre, on soutient que ce déséquilibre a un fondement sociohistorique qui se manifeste à travers la représentation sociale du genre et les modes de fonctionnement organisationnel. L’enjeu demeure une université haïtienne ancrée dans un dirigisme masculin en absence de toute ouverture à une réforme centrée sur des valeurs d’inclusion, de diversité et d’égalité. En revanche, la présence significative des femmes dans des postes de carrière à l’université servirait de modèle pour les plus jeunes et ouvrirait de nouvelles perspectives académiques à la fois porteuses d’opportunités et favorables à une société inclusive, juste et égalitaire.
À la suite du tremblement de terre du 12 janvier 2010, le gouvernement haïtien menait une ambitieuse évaluation des besoins post-catastrophe (PDNA) en vue de la reconstruction. Cependant, ce PDNA n’abordait pas les questions de genre. Avec ce rapport, le Collectif Haïti Égalité voulait fournir le contenu manquant afin que la perspective de genre soit intégrée dans la planification de la reconstruction à chaque étape : évaluation, planification, mise en œuvre, suivi et évaluation. En effet, pour vaincre la discrimination sexuelle, il faudrait mettre en œuvre une structure politique et juridique qui respecte les droits fondamentaux des femmes, y compris leurs droits sociaux et économiques. Leurs contributions politiques et communautaires de même que leur travail de soin doivent être reconnus et soutenus. C’est là le seul moyen de reconstruire Haïti sur une base plus équitable.
Après un survol des inégalités éducatives en Haïti, on s’intéresse à l’état des lieux des femmes dans l'enseignement supérieur. À l’Université d’État, il y a moins de femmes, mais les universités privées comptent une meilleure parité selon les domaines. Toutefois, il est clair que les personnes issues de milieux urbains y sont beaucoup plus présentes que celles de milieux ruraux.
Les personnes représentant le gouvernement et d'autres organisations qui véhiculent le message féministe ont eu un impact sur le fonctionnement des autres ONG. Qu’en est-il de la nature des interventions dans la sphère publique par le mouvement féministe et de leur espacement dans le temps? Des stratégies préconisées et des formes d’actions entreprises? En se référant à deux moments distincts du mouvement féministe, on tente de mieux comprendre le contexte d’une nouvelle approche de l’aide au développement international depuis le séisme du 12 janvier 2010.
Les engagements politiques pour contrer les inégalités entre les femmes et les hommes ne suffisent pas à faire avancer les choses. La barrière sociale dans le milieu administratif fait perdurer des discriminations et préjugés sexistes, tandis que les actions et représentations sociales des acteurs diffèrent de leurs engagements. Les institutions n'intègrent pas la dimension genre dans leur organisation. L’auteure suggère l’application de mesures concrètes plutôt que de se reposer sur la volonté intrinsèque des acteurs politiques.