La présente publication est issue d'un rapport sur les femmes et les marchés inclusifs dans l'économie haïtienne élaboré dans un double objectif : organiser et transmettre des connaissances sur la situation des femmes sur les marchés et identifier les options de politiques publiques pour l'emploi.
Le pari est de fournir, ici, les éléments d’un plaidoyer pour des politiques publiques holistes et intégrées, incorporant une perspective de genre qui vise à créer les conditions de changements graduels et sensibles dans les relations de genre, de l'entreprise au ménage.
Le propos est centré sur les femmes entrepreneures. Par-delà le caractère polysémique du vocable « entrepreneur(e) », le point nodal est que ces femmes assument les risques d’entreprise en engageant leurs ressources financières et, très souvent, leur temps et leur travail, qu’elles soient portées par une logique de survie, une logique de croissance du revenu et de mobilité sociale ou par une logique d’accumulation. Ce parti pris permet d’aborder la diversité des rationalités d’entreprise et des structures organisationnelles, qu’elles relèvent du travail indépendant ou du travail salarié. La démarche adoptée est exploratoire. L’analyse a été menée sur la base d’études ou d’informations d’accès public ou mises à disposition par le PNUD ainsi que sur des entrevues auprès d’une sélection restreinte d’entrepreneur(e)s et d’institutions de micro nance. Il s’agissait de relire et d’interroger la documentation disponible pour saisir les grands enjeux et leurs déclinaisons genrées.
Par-delà une vue d’ensemble des places des femmes dans l’économie haïtienne, l’ouvrage porte sur les entrepreneures des circuits de distribution interne et d’importation et de quelques activités de production de biens et services non-agricoles. Les premières assurent la commercialisation de la production agricole. Les secondes sont des importatrices itinérantes. Elles ont essaimé au cours des trente dernières années et fait irruption dans l’espace public pour interpeller l’État et poser la question de leur intégration dans les organisations patronales. Enfin, celles qui ont fait le pari de la production se retrouvent dans l’agro-alimentaire, la restauration de rue et les industries créatives.
Il faudra des études plus approfondies sur ces entrepreneures, informelles pour la plupart, et sur les cultivatrices dont il est fait mention mais qui demeurent les grandes absentes du présent ouvrage. Il importe aussi d’analyser les entreprises formelles possédées ou dirigées par des femmes qui opèrent dans une large palette d’activités, des industries créatives aux nouvelles technologies de l’information. Dans tous les cas, comparer les hommes et les femmes entrepreneur(e)s et examiner les couples d’entrepreneur(e)s et les articulations entre l’entreprise et la sphère domestique est essentiel.