Lotus, née d’une mère qui se livrait à la prostitution et d’un père inconnu, voue une haine farouche aux hommes. « Parce qu’ils m’ont volé ma mère, ils sont mes pires ennemis. » Fréquentant bars et boîtes de nuit elle aguiche ceux qui la courtisent, pour mieux les repousser. Parmi eux, le seul à l’aimer d’un authentique amour : Georges Caprou, l’un des leaders de l’opposition au régime qui étouffe Haïti.
Au contact de cet homme, Lotus finit par ouvrir les yeux sur la misère du peuple. Elle renonce à sa vie dissolue de petite bourgeoise, pour aider les plus pauvres de son quartier, avec le soutien du vieux Charles, son voisin et unique ami.
Entre Lotus et Caprou naît une relation tumultueuse, soudée par la lutte révolutionnaire à laquelle Lotus s’est jointe. Les émeutes qu’ils fomentent conduisent au renversement du gouvernement, mais à l’enthousiasme succède le désenchantement : ils ont ouvert la boîte de Pandore, à peine libéré de ses oppresseurs le peuple renoue avec ses vieux démons, l’antagonisme entre noirs et mulâtres.
Traqués par la police, Lotus et Caprou partent se cacher dans la montagne.
Saluons la prescience dont Marie Vieux-Chauvet a fait preuve dans ce roman écrit en 1954 – et indisponible depuis –, trois ans avant que le sanguinaire Duvalier ne s’empare du pouvoir en s’appuyant sur la rivalité entre noirs et mulâtres.