Critiquant la faible représentation des femmes dans les manuels d’histoire et qualifiant cette omission de discrimination polyphonique, l’auteure de cet article s’intéresse à la participation effective des femmes esclaves dans la révolution de 1804 à Saint-Domingue. En se basant sur plusieurs journaux de Saint-Domingue, elle tire deux observations : la dénonciation du marronnage comme un ensemble de fissures dans le système esclavagiste et le statut d’esclave comme bien meuble ont préparé la société esclavagiste de Saint-Domingue à sa propre disparition. De plus, l’auteure souligne que les femmes esclaves ont participé à la résistance dès le début de l’instauration du système esclavagiste en faisant preuve de ruses et de désobéissance secrète pour travailler à l’érosion du système et en révéler les contradictions. L’ensemble de ces actes d’insubordination a directement influencé la victoire de 1804. Le refus de la maternité, l’avortement et l’infanticide ont notamment été pratiqués par les femmes pour lutter contre l’esclavage. Néanmoins, l’auteure rappelle que les femmes n’ont pas seulement contribué à l’indépendance par la résistance passive. Elle rapporte qu’un texte colonial du département du Nord d’Haïti identifie 14 000 négresses marronnes armées, qui empoisonnaient leurs maîtres, vidaient les ateliers et incendiaient les habitations. Finalement, l’auteure examine comment les textes historiques décrivent ces femmes, quand ils le font, et relève quatre caractéristiques de l’esthétique de la femme noire : un haut niveau d’hygiène, la coiffe de madras, l’intelligence et la beauté. (Résumé par Mouka)
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