This paper explores the possible existence of organic reproductive justice actions among enslaved mothers and pregnant women in colonial Haiti (Saint Domingue) with specific focus on how marronnage – escape from slavery – provided them opportunities to exert power over their lives, bodies and biological reproduction. Reproductive justice is defined as the complete well‐being of women and girls, based on their human right to decide when and how to have – or not have – children, and to parent existing children in safe and sustainable communities. The conditions of enslavement in Haiti were particularly detrimental to women's control over their fertility and overall reproductive health as birth rates remained so low that the enslaved population could not reproduce itself; however, findings from an underutilized archival roster containing demographic information on the only formally recognized community of maroons from colonial Haiti, the Maniel, indicate that the child‐woman ratio among fugitive women was over twice as high as their counterparts who remained enslaved on plantations. Subversive reading of runaway slave advertisements also suggests that choosing to abscond was a rare but effective mechanism for women to achieve reproductive justice by exercising agency over their lives and protecting their childbearing capabilities. By highlighting motherhood during a state of fugitivity in one of the most economically prosperous slave societies in modern history, this paper can help establish historical precedent for contemporary reproductive justice claims. Moreover, maroon mothers' organic acts of reproductive justice have important implications for the study of how black women resist structures of racial capitalism that negatively impact their reproductive health and other areas of their lives.
Cet article explore l'existence possible d'actions organiques de justice reproductive parmi les mères et les femmes enceintes asservies dans l'Haïti coloniale (Saint-Domingue) en se concentrant spécifiquement sur la façon dont le marronnage — l'évasion de l'esclavage — leur a fourni des opportunités d'exercer un pouvoir sur leur vie, leur corps et leur reproduction biologique. La justice reproductive est définie comme le bien-être complet des femmes et des filles, basé sur leur droit humain de décider quand et comment avoir — ou non — des enfants, et d'élever les enfants existants dans des communautés sûres et durables. Les conditions d'esclavage en Haïti étaient particulièrement préjudiciables au contrôle des femmes sur leur fécondité et leur santé reproductive en général, car les taux de natalité étaient si bas que la population esclave ne pouvait pas se reproduire ; cependant, les résultats d'une liste d'archives sous-utilisée contenant des informations démographiques sur la seule communauté officiellement reconnue de marrons de l'Haïti coloniale, les Maniel, indiquent que le ratio enfants-femmes parmi les femmes fugitives était plus de deux fois supérieur à celui de leurs homologues restées esclaves dans les plantations. La lecture subversive des annonces d'esclaves en fuite suggère également que le choix de s'enfuir était un mécanisme rare, mais efficace, permettant aux femmes d'obtenir une justice reproductive en exerçant un contrôle sur leur vie et en protégeant leurs capacités de procréation. En mettant en évidence la maternité en état de fugitivité dans l'une des sociétés esclavagistes les plus prospères économiquement de l'histoire moderne, cet article peut contribuer à établir un précédent historique pour les revendications contemporaines de justice reproductive. En outre, les actes organiques de justice reproductive des mères marrons ont des implications importantes pour l'étude de la façon dont les femmes noires résistent aux structures du capitalisme racial qui ont un impact négatif sur leur santé reproductive et d'autres domaines de leur vie. (Traduit par Mouka)