Cette recherche s’intéresse à la faible représentation des femmes dans la politique haïtienne. Plus précisément, elle cherche à comprendre cette sous-représentation à partir des expériences vécues et des points de vue des femmes ayant accédé à des postes de décision politique dans le pays. À partir d’un cadre théorique mobilisant les concepts de « conscience de genre » et de « représentation politique des femmes » développés par Manon Tremblay (1996), le mémoire propose une analyse compréhensive de ce phénomène social. Une série d’entrevues semi-dirigées a été réalisée auprès de deux sénatrices et cinq anciennes ministres à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes. Les résultats de l’analyse montrent que la socialisation sexo-différentielle, les stéréotypes et les violences de genre sont des éléments pouvant expliquer la faible représentation des femmes haïtiennes dans les postes de décision politique. De plus, l’analyse fait ressortir le lien entre la conscience de genre des élues et la représentation politique des femmes en Haïti. L’analyse révèle que les répondantes ont une conscience de genre et sont notamment conscientes des inégalités de genre qui existent dans la société haïtienne en général et au sein de la classe politique en particulier. En revanche, plusieurs élues ne se considèrent pas comme féministes et disent avoir représenté la population dans son ensemble (hommes et femmes) et non pas les intérêts spécifiques des femmes. À l’inverse, l’analyse montre que certaines élues ont non seulement une conscience de genre, mais qu’elles ont porté les revendications des femmes haïtiennes dans l’arène politique. Pendant qu’elles étaient au pouvoir, les actions qu’elles ont pu poser se sont attaquées aux causes de la faible représentation des femmes en politique et aux obstacles dont elles avaient elles-mêmes fait l’expérience.
This research focuses on the under-representation of women in Haitian politics. More specifically, it seeks to understand this under-representation from the lived experiences and perspectives of women who have reached political decision-making positions in the country. Using a theoretical framework that mobilizes the concepts of “gender consciousness” and “women political representation” developed by Manon Tremblay (1996), the thesis offers a comprehensive analysis of this social phenomenon. A series of semi-structured interviews was carried out with seven Haitian elected officials, including two senators and five former ministers for the Status of Women and Women's Rights. The results of the analysis show that gender-differential socialization, gender stereotypes and gender-based violence can explain the low representation of Haitian women in political decision-making positions. In addition, the analysis highlights the link between the gender consciousness of elected officials and the political representation of women in Haiti. The analysis reveals that the respondents have a gender consciousness and are aware of the gender inequalities that exist in the Haitian society in general and within the political class in particular. On the other hand, several elected officials do not consider themselves as feminists and say that they have represented the population as a whole (men and women) and not the specific interests of women. Conversely, analysis shows that some elected officials are not only gender conscious, but that they have brought the demands of Haitian women into the political arena. While in power, the actions they took addressed the causes of the under-representation of women in politics and the obstacles they had experienced themselves.
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