Bien qu’elle ait ramassé les restes de l’empereur Jean Jacques Dessalines, assassiné à Pont-Rouge le 17 octobre 1806, Défilée n’est pas considérée comme un personnage historique par l’historiographie haïtienne officielle, qui la présente plutôt comme une folle. Pourtant, en soustrayant le corps du père de la nation à l’opprobre public, elle propose à Haïti un mode d’institutionnalisation de la vie politique qui rompt avec l’ordre nécropolitique que le système colonial lui avait légué. Elle invite les clans rivaux haïtiens à honorer leurs ancêtres, à consacrer la dignité de la vie et à cesser toute hostilité en présence de la mort en tant que fondement de la société. Vivandière de l’armée indigène, donc, ayant le souci des autres, Défilée a un itinéraire qui explique ce geste d’enterrement. Entre anthropologie politique, histoire et analyse féministe, l’auteure saisit le symbolisme du devoir de sépulture aux dépouilles mortelles et dévoile la proposition d’une société haïtienne digne et juste.
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