Marilisse (1903) est en quelque sorte le « petit poucet » de la trilogie romanesque de Frédéric Marcelin, évoluant depuis sa parution dans l'ombre de Thémistocle Épaminondas Labasterre et La Vengeance de Mama. Négligé jusqu'ici par la critique, ce troisième roman vaut pourtant le détour. Marcelin délaisse les champs de bataille politiques de ses deux premiers romans pour se pencher ici sur le quotidien des petites gens, parmi lesquels labeur et entraide font office de loi. Il invite à découvrir Marilisse, sa « Vénus noire », qui navigue avec beaucoup de grâce et d'abnégation dans les eaux troubles de la malchance et du malheur. On découvre ainsi tout un pan de la société haïtienne peu connu, ici représenté avec brio et inventivité. Le style parfois fantaisiste et la créativité linguistique confèrent à Marilisse un cachet particulier. On ne lit pas ce roman, on le savoure : il reste, plus d'un siècle après sa parution, à l'image de l'héroïne, d'une fraîcheur pimpante.
« Heureux ceux qui peuvent se sacrifier ! Heureux ceux qui ont leurs bras, leurs jambes, une forte santé, et du coeur aussi, pour les mettre au service des autres. » Frédéric Marcelin, Marilisse
« - Occupons-nous de nous ! Il ne faut pas s'mêler des affaires des autres, mâchonna l'entêté hargneux. - Si, il le faut... parce que ce que tu appelles les autres, c'est justement pas les autres, c'est les mêmes ! » Henri Barbusse, Le Feu