In this article I discuss the unintended consequences of humanitarian and development assistance provided to “victims of human rights abuses” in Haiti in the years following the restoration of democracy in 1994. Such targeted aid was a component of international political and economic development aid intended to facilitate the nation's postconflict transition. I argue that in much the same manner that witchcraft discourses signify moral struggles over the distribution of resources in small-scale societies, the cultures and moral economies of humanitarian and development aid—well-intentioned activities that nonetheless include opaque bureaucratic practices and competition over knowledge, scarce resources, and institutional territory—can produce similar phenomena as has been described regarding contemporary witchcraft. I draw on the literature on witchcraft, bureaucracy, and secrecy to analyze accusations of malfeasance, scapegoating, and violence directed toward both providers and recipients of humanitarian and development assistance. I characterize such processes occurring in relation to compassion economies by the term bureaucraft.
Dans cet article, j'examine les conséquences involontaires de l'aide humanitaire et de l'aide au développement fournies aux « victimes de violations des droits de l'homme » en Haïti dans les années qui ont suivi le rétablissement de la démocratie en 1994. Cette aide ciblée était une composante de l'aide internationale au développement politique et économique destinée à faciliter la transition post-conflit du pays. Je soutiens que, de la même manière que les discours sur la sorcellerie signifient des luttes morales sur la distribution des ressources dans les sociétés à petite échelle, les cultures et les économies morales de l'aide humanitaire et de l'aide au développement - des activités bien intentionnées qui incluent néanmoins des pratiques bureaucratiques opaques et une compétition pour le savoir, les ressources rares et le territoire institutionnel - peuvent produire des phénomènes similaires à ceux qui ont été décrits concernant la sorcellerie contemporaine. Je m'appuie sur la littérature relative à la sorcellerie, à la bureaucratie et au secret pour analyser les accusations de malfaisance, de désignation de boucs émissaires et de violence dirigées à la fois contre les fournisseurs et les bénéficiaires de l'aide humanitaire et de l'aide au développement. Je caractérise ces processus qui se produisent en relation avec les économies de compassion par le terme « bureaucraft ». (Traduit par Mouka)