This article examines the gendered political geography of postcolonial Haiti. It draws from the author's long-term ethnographic fieldwork with the Mouvman Peyizan Papay (MPP), a peasants' movement established in 1973, to highlight the experience of rural women on Haiti's high Central Plateau. It mobilizes foundational work in feminist geography to address a lack of attention to the political in analyses of gender and rural life in Haiti. In so doing, it shows how militant women question and challenge patriarchal power in their daily negotiation and transformation of political space. This article proposes that women's practices of economic and sexual autonomy enact a vision of liberation that seeks to resolve the tension between the anticolonial and patriarchal dimensions of political power in Haiti. It first traces a political genealogy of the postcolonial Haitian state, and then shows how women have long been active, if unrecognized, participants in left political struggle. Next, it looks more broadly at how patriarchal power inflects agrarian space through gendered norms of property and personhood. Finally, it proposes the lakou (yard) as a space of transformation in relations between gender, land, and capital, and shows how women have cultivated and defended political space between the state and the yard.
Cet article examine la géographie politique genrée de l’Haïti postcoloniale. Il s'appuie sur le travail de terrain ethnographique à long terme de l'auteure avec le Mouvman Peyizan Papay (MPP), un mouvement de paysans créé en 1973, pour mettre en lumière l'expérience des femmes rurales sur le haut plateau central d'Haïti. Il mobilise des travaux fondateurs en géographie féministe pour remédier au manque d'attention portée au politique dans les analyses du genre et de la vie rurale en Haïti. Ce faisant, il montre comment les femmes militantes remettent en question et défient le pouvoir patriarcal dans leur négociation et transformation quotidiennes de l'espace politique. Cet article propose que les pratiques d'autonomie économique et sexuelle des femmes mettent en œuvre une vision de la libération qui cherche à résoudre la tension entre les dimensions anticoloniale et patriarcale du pouvoir politique en Haïti. Il retrace d'abord une généalogie politique de l'État haïtien postcolonial, puis montre comment les femmes ont longtemps été des participantes actives, bien que non reconnues, dans la lutte politique de gauche. Ensuite, il examine plus largement comment le pouvoir patriarcal infléchit l'espace agraire à travers des normes genrées de propriété et de personnalité. Enfin, il propose le lakou (cour) comme un espace de transformation des relations entre le genre, la terre et le capital, et montre comment les femmes ont cultivé et défendu l'espace politique entre l'État et la cour.